Bientôt Noël dans notre temps de vie comme un passage obligé de joie, de bonne bouffe et de cadeaux. Mais calviniste en diable, Genève se la joue discrète, sans tape à l’œil mais avec tape dans le porte-monnaie. Tout dans l’éclairage blanc en squelettes de lumières qui auraient été reconstitués par un savant fou.
Juste dans le centre-ville, le ventre ville commercial, bien sûr, il ne s’agit pas d’égayer les quartiers périphériques par quelques lumières impies, voire païennes mais de faire dégainer l’arme à billets. Ah, idolâtres, manants, gueux ? Vous voulez fester la Nativité, faire ripaille, remplir de cadeaux les chaussettes, payez alors ! Et repentez-vous par une bonne crise de foie. Et les magasins à l’unisson sont un petit peu décoré. Oh, pas trop ! Très chiche la décoration, presque zen de manière involontaire dans cet et esprit ascétique sans poussée acnéique de boutons en couleurs multiples, pas de boules ni de guirlandes. Mais des affichettes jaunes, rouges, vertes, des soldes et démarques, qui font office de petite beauté nouvelle pour les fêtes noëllesques. Il y a, il faut le dire, une vraie gentillesse dans les boutiques. Souriez, vous êtes plumés ! Quelques arbres en ville ont eu l’intelligence d’appeler de jeunes artistes pour se faire habiller de manière extravagante, désordonnée, follement belle. Et une cascade lumineuse en façade de Temple qui descend et remonte et descend et remonte, par petites saccades, une épilepsie joyeuse. Quelques marchands artisanaux proposent des objets façonnés par leurs mains en gants de laine parce qu’il ne fait pas bien chaud en fin d’après-midi en fin du monde annoncée, enfin elle n’est pas venue. Y avait pas Noël chez les Mayas, ils ne pouvaient pas savoir comme c’était embêtant cette date du 21 décembre, juste avant le 25 du même mois, surtout pour les enfants. Et on a échappé à la destruction, du coup on dépense encore plus. Pensez donc, on devrait être mort, tout mort, complètement mort et on ne l’est pas. Ah, il faut fêter ça. Un qu’on ne voit pas dans les rues cette année, c’est le Père Noël. Pas un seul à se faire photographier avec des enfants qui en ont souvent peur, de ce bonhomme à la barbe en poils synthétiques et à l’haleine douteuse. Qui distribue des bonbons tout plein de sucre et fait ho ho ho ho je suis le Père Noël, as-tu été sage à l’école, ho ho ho ho ! L’armée du Salut est bien là, avec sa marmite et sa trompette et son chœur à chanter des noëlades en petit Jésus tout rose et qui va nous sauver quand il sera plus grand. Pas de crèche non plus avec Marie Joseph l’âne le bœuf la paille les poules le berger le berceau vide qui attend et drôle, Marie n’est pas enceinte, n’est jamais enceinte, ce doit être une exigence dans son contrat, sans doute. Noël, la trêve des confiseurs, des fiseurs peut être mais les autres, je ne suis pas sûr. Bon, allez en paix et bonnes fêtes.