Alors bien sûr, Genève est en vacances. Je n’ai jamais bien compris pourquoi les gens partent en vacances au moment où il fait le plus beau chez eux. Besoin de se ressourcer, de changer d’air, de mettre une distance plus ou moins longue entre soi et son job. Besoin d’aller à la mer, respirer l’air marin, sentir le vent marin, manger des vrais poissons de mer pêchés par de vrais pêcheurs de mer, pêcherie artisanale qui semble donner l’illusion d’une mort plus douce pour les poissons, qui donne l’apparence de protéger les espèces et au final, dans l’assiette, même le poisson de ses yeux morts paraît nous dire merci.

Besoin de retrouver le calme après une année de stress et de promiscuité en ville. Et c’est vrai que le calme d’une plage bondée de gens, allongés, sorte de limaces à grande gueule, est un calme propice à la rêverie, à la lecture du seul livre pour l’année, à l’évasion de son quotidien de bruit, bondé de gens debouts, sorte de moutons à petite gueule et d’ailleurs se sont les mêmes et d’ailleurs, tiens, n’est ce pas notre voisin ? Je vais lui lancer un coup de natel. Et puis, vous savez quoi, j’ai moins vu d’Arabes dans mon hôtel sur la Mer Rouge qu’à Genève. Et pas un seul frontalier sur la côte d’Azur ou alors ils sont bien cachés. Bon c’est vrai, il y a quand même, il faut le dire, un peu trop de Portugais au Portugal mais c’est pas cher. Les vacances sont sacrées et les voyages en font partie de manière intrinsèque. Suffit de regarder la tronche compatissante sur cette espèce d’olobrius qui reste à Genève pendant l’été. Le pauvre garçon, il va s’embêter tout seul à Genève, il n’y a plus personne. Et que dire du soleil à Genève, il sera moins beau, moins chaud, mois jaune et moins brillant. A se demander s’il ne se couche pas plus tôt en ville, tandis qu’un couchant de soleil sur la mer, ça dure longtemps, trop longtemps même parfois mais c’est tellement beau, ce rouge, cet orange et cet apéro si bon en terrasse bondée de gens, sorte de perroquets multicolores à grand gosier ouvert et odeur de protection solaire. Il fait moins le malin, lui, en ville, tout seul ou presque, attablé à sa terrasse. Et puis qui c’est qui serabronzé, hein ? Sur son petit bout de plage de son petit lac, il va bronzer tout blanc. Bon allez, j’arrête de vous gâcher vos vacances si loin, où le soleil est plus cher, la mer en immense pissotière, les goûts de bouchons de la route, les aéroports bourrés raz la gueule. Genève quand personne s’y trouve, ça ce sont de vrais vacances. Sauf qu’ils en profitent pour couper les arbres de Plainpalais, pas sûr que les vacanciers de retour s’en aperçoivent. Pourtant, il fait beau à Genève, notre soleil est de chaleur conviviale, les gens sont détendus, l’apéritif est frais, les places de parkings foisonnantes, l’eau du lac ou du Rhône juste fraîche et je fonds, je fonds, je fonds. Bonnes vacances lointaines…