Nous vivons des temps où tout n’est plus que marchandage et chantage.

Alors en bonne mère, l’Europe, laissa à son grand fils putatif USA, bâtard de toutes ses dérives, la gouvernance du monde.

Las, ce Nouveau Monde se construisit comme l’ancien qu’il prétendait renouveler. En commençant par détruire tous les peuples autochtones. Puis ce Nouveau Monde gagna sa prospérité à coups de fouet sur une main d’oeuvre gratuite et inventa le capitalisme qui n’est que la loi, non du plus fort mais celle du plus prédateur. Et au passage, rappelons que ce sont des protestants, les plus rigoristes, les plus inflexibles, qui bâtirent ce Nouveau Monde au nom d’un Dieu inflexible et de ses apôtres, Colt, Smith et Wesson, Remington. Je vous salue Winchester pleine de balles, que ta volonté vise juste et que ton nom soit gravé dans la constitution. Les USA pouvaient partir à la conquête de l’ancien monde.

D’ailleurs, Dieu est si présent dans cet immense pays qu’il n’est plus nul part et encore moins dans le coeur des Américains. Ils le mangent à toutes les sauces, découpé en morceaux sur le bbq, le dimanche sur des pelouses taillées comme les cheveux d’un Marine. Ils prient son corps supplicié sous de vastes tentes qui sentent plus le gras des hamburgers que l’essence divine.

Seuls ses apôtres ont droit de cité et ils se déchainent. On les voit parader dans les cours des écoles, dans les grandes villes et leurs quartiers misérables. Et partout ils sèment la mort et l’effroi. Dieu, lui, compte les billets de banque, le miroir de sa réussite. Pour les Américains, Dieu a créé l’homme à l’image de son premier dollar en argent, ce métal si blanc qu’il ne tolère aucune autre couleur.

Ce premier dollar gagné en massacrant bisons et indiens pour construire un grand pays de la liberté. Ce péché originel des USA, imposer cette liberté en commençant par détruire celle des autres qui vivaient là, tranquillement, accueillant même gentiment ceux qui seront leurs bourreaux.

Tandis que plus au sud, d’autres bons chrétiens, des catholiques ceux là, détruisaient tout, en chantant les louanges de leur Seigneur, bon et miséricordieux. Ainsi prospéra le grand paradoxe de l’homme blanc et de son Dieu, sur le partage du monde.

Dieu est amour et partage, disait le conquérant. Il nous faut partager. Au nom de quoi, nous vous prenons tout et ensuite, une fois notre Dieu dans vos âmes, nous le repartagerons.

On connait la suite. Des réserves inhospitalières comme partage, pour parquer les derniers indiens peaux rouges rescapés des massacres. Quelques tribus rongées par l’alcool et la tuberculose. Plus au sud, des civilisations millénaires réduites à quelques fantômes qui errent misérablement dans les ruines de leur splendeur passée. Car Dieu d’amour et de partage, trouva son miroir d’argent subitement fade quand un rayon d’or frappa son oeil. Cette ruée vers l’or fut la curée finale.

Pax Americana et Colt et Dollar, le sort et l’essor du monde, en une seule nouvelle trinité.

Il est vrai qu’à au moins deux reprises, en se faisant tirer les oreilles pour la deuxième fois, l’Amérique vint sauver papa et maman de leur velléité de s’entre tuer tous les 20 ans. Ce qui est tout à l’honneur des boys. Ces boys venus se faire hacher menu sur des plages qu’ils auraient été bien incapables de situer sur une carte du monde. Il n’en reste pas moins que ces mêmes boys, ou d’autres, tant ils semblent inépuisables, furent aussi envoyés dans des lieux encore plus improbables. Non plus sauver mais pour casser.

De ce monde de feu et de sang ne pouvait naître qu’un monde froid, aussi froid que la paix qui en découla. Cette paix qui reposait non sur l’entente des peuples mais sur l’équilibre de la terreur.

God bless America contre Drapeau Rouge protège l’autre moitié du monde. Dieu contre sa négation. La Bible contre le Capital ! Chacun ayant le moyen de détruire l’autre et lui avec, on s’aperçut que l’un comme l’autre, possédait la même bombe dévastatrice, qu’elle fut bénite ou pas.

L’Apocalypse quitta la symbolique, devint vulgaire, le monde des humains avait récupéré la destruction totale, finale, de son destin. Dieu est mort dans les décombres d’Auschwitz, d’Hiroshima et de Nagasaki, mais qui s’en soucie. Dieu est mort par la main même de ses plus fidèles disciples et ce n’est que justice pour tous les crimes accomplis en son nom.

Mais la nature humaine a horreur du vide… Déjà se dresse une ombre qui se déclare Roi des dieux et Dieu des rois.

A suivre