Il y a dans la sagesse populaire, ce vieil adage, je te dois 1000 Francs, je suis dans la merde, je te dois un million, tu es dans la merde. 2015 s’annonce par des attentats commis par des terroristes qui veulent venger une vieille dette contre la démocratie dans ses principes fondateurs et une dette assez récente, grecque ou espagnole ou française, qui terrorise les peuples.

Mais à Genève, le franc fort inquiète. Pourtant le franc a toujours été fort, c’est l’euro qui est faible, si faible, si malade, fébrile peut-être. Je ne suis pas un spécialiste en économie mais j’ai l’impression que si certains comprennent tandis que d’autres font croire qu’ils comprennent, la majorité des gens n’y comprennent rien. Et la lecture des journaux où sévissent de grands spécialistes (avez-vous remarqué qu’il n’y a jamais de petits spécialistes) n’aident pas beaucoup, car chacun à son point de vue, son analyse forcément pertinente, voire définitive, son explication, celle qui rassure et celle qui fait peur. Et puis le seul spécialiste que les gens écoutent vraiment, c’est le porte-monnaies. Car si on peut se faire enfumer par des grandes théories monétaires, du rationalisme et du non-rationalisme, le seul juge de paix est ce qui reste de son salaire, une fois payé tout ce qui doit l’être. Et plus vous êtes bas dans l’échelle et moins il en reste.

Franc dur ou franc mou, franc fort ou franc pas fort, la vie à Genève sera de toutes les façons, entre 25 et 30% plus chère qu’ailleurs. Sauf que maintenant, il y a un malaise, une instabilité nouvelle dans les jobs. Des gros mots nouveaux fusent comme chômage partiel, baisse de salaire, chômage tout court, et chacun de serrer les fesses. Nous changeons de paradigme, de celui d’une stabilité certaine à celui d’une certaine instabilité.

Que n’avons-nous déjà, dans ces colonnes, vilipendé l’Europe. Non l’Europe en tant qu’entité géographique, culturelle, cultuelle même. Non l’Europe en tant qu’entité politique, économique, libérée de ses frontières, libérale même, quoique… Mais cette Europe où une haute administration toute puissante et sans appel a fait son nid, un coucou de mauvaise augure et très mal élevé. Une haute administration non élue, qui tourne sur elle-même, qui fonctionne par elle-même, pour elle-même. En dehors de tout contrôle politique, ou pire, avec son assentiment par le silence des gras élus du Parlement européen.

Bien malin ou fort courageux, celui qui pourrait remonter aux origines de la dette de certains pays, le petit pécule acquis par le travail diminue et la dette qui n’est pas de son fait, augmente, d’une génération l’autre. C’est automatique, sans fond, ni fin. Cela se transmet comme une tare génétique, jusqu’au jour, où il n’y aura plus personne pour la transmettre, il restera juste une gosse dette, boursoufflée, toute seule à se contempler.

Ne jamais oublier, qu’un pays ne rembourse jamais sa dette, seulement les intérêts que produit la dette.

Mais est arrivée la Cyrisa sur ce gâteau à la crème tartuffée. Un sacré grain de sable dans cette mécanique « dettaire » infernale, que dis-je, un grain de sable, non, non, un galet. Un galet que ce premier ministre grec, sûrement mal poli et pauvre, même pas de quoi s’acheter une cravate. Sûrement honnête, puisqu’il n’a pas volé une cravate pour faire comme les autres.

Un Don Quichotte peut-être, mais qui ne rêverait pas, bien au contraire, juste sortir le peuple d’un cauchemar destructeur. La dette, cette p… de dette, qui est devenue un système politique à part entière, une dictature infernale qui a déjà broyé les plus faibles et qui s’attaque maintenant à la classe moyenne, le gras, qui entoure la viande, viande faisandée des profiteurs et autres complices politiques qui protègent l’os du capitalisme pur et dur. A suivre…

Jean-Yves le Garrec