La Suisse change de paradigme mais ses yeux fermés ne veulent le voir, ses oreilles n’écoutent pas, sa bouche ne dit rien. Genève se berce d’illusions perdues, de votes jamais confirmés, de caméras qui filment tout mais n’empêchent rien, d’un manque de logements, d’un trop plein de voitures, d’une richesse qui fout le camp. Genève subit aussi, d’une certaine médiocrité des débats, d’une très certaine mauvaise gestion, d’une extrême mauvaise image qui s’amplifie. Mais Genève est une ville de cœur, une amante comme on n’en fait plus, une maîtresse à qui on s’abandonne, corps et âme.
Le monde change de paradigme. D’une certaine insouciance joyeuse à une réalité cruelle. Les conflits poussent comme des champignons après la pluie, de plus en plus mortels, de plus en plus visibles et vues par des caméras insatiables, 24h sur 24, la mort se trémousse devant nos yeux et elle danse bien la garce, de mieux en mieux même. Malraux disait que le vingt et unième siècle serait spirituel ou pas. Mais, peut-être, le grand homme ne pensait pas obscurantisme, massacres, guerres des religions. Les guerres de religions, il y en a eu, tout au long des siècles passés. Et, se disait-on, ces guerres moyenâgeuses sont fort heureusement, qu’un lointain cauchemar. Ces tueries de la Saint Bathélémy, ces croisades avec la mort bannière au vent, ces exterminations au nom du Christ, des peuples d’Amériques du sud et du nord… Puis, Dieu merci, si je puis dire, place au conflits géopolitiques, aux conflits imposés par des dictatures sanglantes teintées d’athéisme, des millions et des millions de cadavres, enfin la reconnaissance des génocides, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité. Et se disait-on, nous avons touché le fond, plus jamais ça. Mais la guerre est une mère prolifique, qui plante ses enfants un peu partout.
La guerre change de paradigme. Elle devient pacifique, la guerre, contre la faim, la soif, les épidémies, la traite des êtres humain, le travail des enfants. La guerre, elle devient même pour ; pour l’alphabétisation, l’accès au savoir et surtout la reconnaissance pleine et entière de la femme. Mais la guerre, on ne peut changer sa nature profonde, c’est une bombe à retardement. Arrivera la guerre de l’eau, ce qui m’a fait écrire, il y a quelques temps, que plus que la guerre pour la suprématie de l’au-delà, il y aura surtout la guerre pour l’eau d’ici. La guerre est aussi une bombe à sous munitions. Des petites guerres qui explosent de partout. Elle devient intracommunautaire ou au sein d’une même religion, intertribales ou conflit Nord-Sud. Ce conflit larvé Nord-Sud, qui tend le Nord vers ses extrêmes et le Sud qui tend ses mains de plus en plus maigres.
Enfin, et c’est là où je voulais en venir, la jeunesse change le paradigme. A suivre.
Jean Yves Le Garrec