C’est le matin, empêtré dans des restes de sommeil accrochés au bout des yeux, que je me suis retrouvé dans la cuisine, devant des consignes pour une poubelle épanouie.

Au vu de la tâche, je me bois un café, fort, très fort même and so what else ! Donc, les canettes en alu dans le sac en papier pour les jeter plus tard en ville, là où se trouve le réceptacle prévu à cet effet. Les bouteilles en verre blanc, les bouteilles en verre coloré à part de celle en plastique. Ah, je suis content ! Le travail avance. Puis les papiers, toutes ces pubs qui envahissent nos boites à lettres au fur et à mesure que les forêts disparaissent. Les journaux, revues, ces pavés lourds des modes légères. Le tout dans un autre sac, prêt pour le mercredi matin, jour de ramassage. Allez, le minuscule carton à gâteaux avec mais le papier gras du jambon ? Bah, avec aussi, au diable la feuille rose cochon ! Les piles usagées dans le cornet. Bon sang de bois, y en a à trier.

Avez-vous remarqué que sans piles, tout est muet, aveugle, sourd. Toute notre société n’est qu’un vaste emballage de pile. Vous en trouvez, déguisées en jouets. Ce sont les pires, les plus vicieuses, les plus infernales, les plus nombreuses. Qu’écris-je ? Ces pourritures, devenues incontournables, dictent leur loi. Et les mômes, ils ne veulent que ça. Ces jouets qui strient l’espace de hululements divers, vous transpercent les oreilles, vrillent le cerveau, donnent envie de tataner ces bubons hurleurs et les mouflards avec. Ces nounours hérissés de boutons colorés qui clignotent comme une varicelle extraterrestre. Et qui, invariablement tombent en panne un dimanche soir et provoquent d’autres cris et pleurs. Beauté vénéneuse qui vend des jouets si compliqués que les parents ne s’y retrouvent plus. Et maman et papa de héros, has been deviennent. De leurs enfants restent à la traîne. Nous sommes colonisés par les piles et autres batteries. Des grosses, des moyennes, des petites, des minuscules, des ronds, des cylindriques, des carrées, des ce que vous voulez, y en a partout de ces saloperies. Un petit jouet à cinq thunes vous coûtera dix fois la mise au bout d’un mois. Et tant d’autres se dissimulent dans le natel, le sans fil, la télécommande, la vidéocommande, la satellitocommande, la cdcommande de la mini chaîne de la cuisine, l’autre commande de la télé dans la chambre et le blue ray, la fauteuilcommande, la stéréocommande de lagrosse chaîne du salon, la rideaucommande, la litcommande, sans oublier le godmiché, le réveil matin, l’appareil photo, ‘di et le poisson en plastique qui gueule dans l’entrée en tortillant ses chairs rosées sanguinolentes, qu’on dirait un vrai.

Des tonnes de piles, des montagnes de piles, des continents de petits cancers en vadrouille qui nous sourient de toutes leurs dents jaunes ‘ pourri. Mais continuons nos poubelles dans la peine et la mauvaise humeur.

Le reste des pâtes, la coquille d’œuf, dans le sachet vert pour le container vert. Quelques vieilles fringues pour la grosse boite à fringues jaunes, avec les chaussures par paires et les chaussettes propres s’il vous plait.

Par contre quand je me suis mouché, je me suis retrouvé Gros-Jean comme devant. J’avais dans la main, étroitement imbriqué, du papier et de la matière organique. Où devais-je jeter l’indésirable loque poisseuse ? Avec le papier ? Dans le sachet vert pour le container vert ?

Bon et bien à suivre… ce suspense est intense, n’est-il pas ?

Salut